Sorties Pop Rock du 21 novembre 2025 : The Beatles et Aerosmith dominent un vendredi historique


22 novembre 2025

Le 21 novembre 2025, le passé et le présent du rock se sont donnés rendez-vous. D’un côté, les Beatles ouvrent une nouvelle page de leur légende avec Anthology 4. De l’autre, Aerosmith s’allie à YUNGBLUD pour signer One More Time, un EP qui refuse obstinément de regarder dans le rétroviseur. Récit d’un vendredi pas tout à fait comme les autres.

Un vendredi où l’histoire s’invite dans les nouveautés

Les vendredis de sorties sont rarement avares en nouvelles galettes. Mais ce 21 novembre 2025 a cette saveur particulière des dates que l’on retient. Sur les plateformes comme dans les bacs des disquaires, la journée a été dominée par deux annonces qui n’ont rien d’anodin : la parution de Anthology 4 des Beatles et l’arrivée de One More Time, l’EP collaboratif d’Aerosmith avec YUNGBLUD.

Entre ces deux pôles, la semaine a également vu surgir une constellation de sorties pop, rock et indie – de Sharp Pins à Few Bits en passant par une poignée d’albums plus confidentiels – mais ce sont bien ces deux projets qui ont donné le ton : la mémoire d’un côté, le choc générationnel de l’autre.

Beatles – Anthology 4 : la mémoire revisitée

Trente ans après les premiers volumes de la série Anthology, on aurait pu croire les coffres des Beatles vidés de leurs secrets. Anthology 4 prouve l’inverse. Disponible en coffret vinyle, CD et édition numérique, ce quatrième volet rassemble près de 191 titres restaurés et inédits, plongeant au cœur des sessions qui ont forgé la légende du quatuor de Liverpool.

L’enjeu n’est plus seulement de compiler, mais de réentendre. Grâce aux techniques de séparation de pistes et de restauration sonore, la voix de John Lennon gagne en présence, les arrangements se déploient avec une précision quasi chirurgicale. Les nouvelles versions de « Free As A Bird » et « Real Love » en sont la démonstration la plus flagrante : les chansons, déjà ressuscitées dans les années 90, semblent aujourd’hui trouver leur forme définitive.

On n’écoute plus seulement des archives : on a l’impression d’assister, à distance, à la fabrication de l’histoire.

Au-delà de ces titres phares, Anthology 4 déroule un véritable carnet de bord créatif : démos tâtonnantes, prises alternatives, essais de structures abandonnées à la dernière minute… Autant de petites scènes de studio qui disent beaucoup de la manière dont les Beatles composaient, testaient, doutaient et réinventaient leurs propres idées à une vitesse folle.

La sortie du coffret Anthology Collection 1–4 parachève l’entreprise : réunir, en un seul geste éditorial, quatre décennies de travail sur les archives. L’objet, luxueux, s’adresse autant aux collectionneurs qu’aux curieux désireux de comprendre pourquoi ce groupe, plus d’un demi-siècle après sa séparation, continue d’aimanter l’attention.

Aerosmith & YUNGBLUD – One More Time : le choc des générations

À quelques milliers de kilomètres de Liverpool, c’est une autre histoire du rock qui s’écrit. Celle d’un groupe qui refuse de se contenter du statut d’icône. Avec One More Time, Aerosmith signe sa première véritable création originale depuis plus de dix ans. Mais plutôt que de rallumer seul la machine, le groupe a choisi de s’acoquiner avec l’un des artistes les plus fougueux de la scène actuelle : YUNGBLUD.

Cinq titres, pas un de trop : l’EP va droit au but. Le single « My Only Angel » donne le ton : une production moderne, des guitares nerveuses, un Steven Tyler qui n’a rien perdu de son grain si reconnaissable, et en face un YUNGBLUD qui ne se contente pas d’être l’invité « jeune » de service. Il pousse, bouscule, relance, comme pour rappeler qu’Aerosmith reste un groupe de scène avant tout.

Dans le reste de l’EP, les morceaux oscillent entre rock frontal, refrains taillés pour l’arène et clins d’œil à un passé jamais très loin. Une nouvelle version revisitée de « Back In The Saddle » vient boucler la boucle : le classique est réinjecté dans un décor sonore plus contemporain, sans perdre son attitude.

L’objet n’oublie pas les collectionneurs : vinyle argenté, variante rouge avec face B gravée, pochette alternative signée Joe Foti (Chrome Hearts), poster en bonus… autant d’éditions qui disent clairement qu’Aerosmith parle à plusieurs générations à la fois, du fan de la première heure au public qui découvre le groupe via YUNGBLUD.

Ce que raconte One More Time, c’est qu’un groupe de cinquante ans de carrière peut encore sonner comme une première fois.

Autour des géants : une scène foisonnante

Dans l’ombre de ces deux mastodontes médiatiques, le reste des sorties du 21 novembre 2025 n’a pourtant rien d’anecdotique. La semaine voit éclore une série d’albums et d’EP qui rappellent la diversité du paysage pop rock actuel : rock indie, pop racée, expérimentations plus brutes.

On croise ainsi les nouveaux titres de Sharp Pins avec Balloon Balloon Balloon, ceux de Few Bits sur Brick Houses, sans oublier des signatures plus discrètes mais très suivies par les amateurs, comme le projet The Dangerous Beauties sur le label La Ruche. Entre guitares garage, mélodies pop, soul et éclats punk, ce vendredi-là offre un instantané très précis de la vitalité d’une scène qui refuse de se laisser enfermer dans un seul registre.

Un moment charnière pour la pop rock

Pris ensemble, Anthology 4 et One More Time racontent quelque chose de plus large que leurs seules tracklists. Ils dessinent la trajectoire d’un genre qui ne cesse de dialoguer avec sa propre histoire : d’un côté, un travail d’archives d’une ampleur rare, qui continue de faire parler un groupe disparu depuis des décennies ; de l’autre, une formation mythique qui accepte de se mettre en danger en ouvrant sa porte à une nouvelle génération.

Le 21 novembre 2025 ne restera pas seulement comme une date de sorties d’albums. Il s’impose comme un rappel : le rock et la pop ne vivent pas à travers une opposition passé/présent, mais dans une circulation permanente entre les deux. Les Beatles, Aerosmith, YUNGBLUD, et cette armée de groupes plus discrets sortis le même jour composent, chacun à leur manière, un même récit : celui d’un genre qui n’a pas l’intention de se contenter de ses archives, même lorsqu’elles sont sublimes.

Pour les auditeurs, journalistes, programmateurs ou simples curieux, ce vendredi-là aura offert quelque chose de précieux : la possibilité de passer, en quelques écoutes, de la magie d’un studio londonien des années 60 à l’électricité d’un EP enregistré à plusieurs mains, quelque part entre Los Angeles et l’ère du streaming.